ARTICLE : IMPRESSIONS POST-TOUR DU MONDE

 

Plus d’un an après notre retour, nous avons enfin publié l’article sur notre séjour au Costa Rica puis à Miami, qui clôturent notre voyage de onze mois autour du monde.

Alors pourquoi tant d’attente et tant de temps passé entre notre retour et ce dernier article ?

On peut s’y attendre, le retour a été mouvementé : nous avons pas mal bougé pour voir tous ceux, amis ou famille, que nous n’avions pas vus depuis longtemps, nous avons ensuite commencé presque immédiatement le travail. La reprise du travail est allée de pair avec celle du rythme parisien à 100 à l’heure, ce qui n’est pas facile. Du coup, beaucoup de changement, beaucoup de mouvement dans nos vies et peu de temps pour nous poser et nous repencher sur le blog.

Mais, avions-nous vraiment envie de prendre le temps pour nous poser et écrire ce dernier article ? Il est possible que cela nous ai fait peur, car cela impliquait de nous poser véritablement (ce que nous n’avons presque pas fait depuis le retour du voyage où tout s’est enchaîné). Nous poser signifiait prendre le temps de réfléchir, de repenser, de se replonger dans ce voyage encore trop récemment terminé et ainsi faire revivre ce que venions de perdre du fait d’être rentré (sans plus d’explications : la liberté) et ainsi remuer le couteau dans une plaie toute fraîche sans laisser le temps à la blessure de cicatriser.

Oui, tout ce que l’on dit est vrai sur la richesse du voyage, le bonheur de voyager, les galères, les découvertes, le partage et en un mot, la liberté que nous procure le voyage et plus particulièrement le voyage au long cours qui est très spécifique.

Cependant, ce que l’on omet de dire c’est que toutes ces émotions démultipliées ne glissent pas seulement sur nous le temps du voyage, mais elles pénètrent et s’ancrent au plus profond de nous de telle sorte qu’elles nous nourrissent et viennent peu à peu remplacer celles auxquelles nous étions habitués (stress, fatigue, lassitude, répétition, grisaille, petites réjouissances) pour nous rendre plus vivant que nous l’avons jamais été.

On comprend ainsi aisément la sensation de manque (d’émotions, de liberté) face à laquelle nous nous sommes retrouvés en rentrant, replongés dans la mornitude que nous avions quitté pendant tout ce temps (et dont nous avons vraiment pris conscience seulement en voyageant). Ce manque était si fort et si douloureux que la comparaison avec une blessure s’est imposée à nous. Cette blessure était d’autant plus douloureuse que ce voyage a bouleversé toutes les certitudes sur lesquelles notre vie était construite. Ainsi, et contrairement à ce que l’on peut entendre, plus que des réponses, le voyage apporte des questionnements.

C’est en quelque sorte ce qu’on pourrait appeler l’essence de la vie que nous avons expérimentée, comment se contenter ensuite d’une vie pleine d’entraves à laquelle le retour nous contraint (le fameux mais malheureusement bien réel métro-boulot-dodo) ?

Le questionnement est ainsi constant : la vie n’est-ce pas plutôt ce rythme de métro-boulot-dodo et ce que nous avons vécu seulement une parenthèse, une sorte de rêve qu’on peut déjà s’estimer heureux d’avoir vécu mais qui ne peut, par principe, qu’être éphémère ? D’ailleurs voudrions-nous passer notre vie à voyager ? Ne sommes-nous pas bien avec notre confort ? Et ne sommes-nous pas extrêmement égoïstes et futiles de nous poser ce genre de questions, chanceux que nous sommes d’avoir pu vivre cette expérience et de bénéficier notre petit confort au retour ? Comment serait-il possible d’allier les deux en essayant de retrouver, d’insuffler un peu de cette essence de vie à notre réalité quotidienne ? Comment ? Telle est la question à laquelle nous espérons un jour trouver une réponse.

Nous le reconnaissons, le voyage nous a rendus plus exigeants  (ou peut-être l’étions nous déjà avant et c’est ce qui nous a conduit à partir, à explorer ?), nous cherchons une autre qualité de vie, d’autres émotions. Nous cherchons une alternative à la vie nomade et à la vie de parisien lambda, peut-être la trouverons-nous.

Nous n’avons pas attendu de trouver la réponse à cette question, qui pourrait nous prendre plusieurs années ou que nous ne trouverons peut-être jamais, avant d’écrire ce dernier article. Nous avons simplement attendu que la blessure cicatrise un peu afin de ne pas remuer le couteau dans une plaie qui était encore béante. Ce n’est ainsi que récemment que nous avons pu nous replonger dans la dernière étape de ce voyage, sans risquer de nous y perdre, afin de vous livrer nos souvenirs de cette merveilleuse destination qu’est le Costa-Rica.

Il nous aura fallu plus de 8 mois pour nous réhabituer, mais nous avons à présent pris le pli de la normalité et accepté de ne plus être des « tour du mondistes » mais seulement des parisiens comme les autres.

Le souvenir du voyage est toujours aussi beau mais plus aussi douloureux, il nous aura laissé une marque indélébile, une cicatrice, qui se rappellera toujours à nous et nous conduira toujours à rechercher une certaine qualité de vie, à explorer d’autres voies. Et nous n’abandonnons pas l’idée de repartir.

Marine et Hugo

 

P.S. Et voici l’un des poèmes qui nous a conforté dans notre idée de préparer ce tour du monde :

Il meurt lentement celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.

Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère
Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu

Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d’émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés

Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap lorsqu’il est malheureux au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.

Vis maintenant!
Risque-toi aujourd’hui!
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement!
Ne te prive pas d’être heureux!

Il meurt lentement celui qui passe ses jours
à se plaindre de sa mauvaise fortune ou de la pluie incessante.

Il évite la mort celui qui se rappelle qu’être vivant requiert un effort bien plus important que le simple fait de respirer…..

Martha Medeiros 

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